L’année 2025 s’achève dans les mêmes tonalités et tendances que l’année précédente,
mais avec en plus la perte d’un an pour avancer dans la résolution des cancers qui rongent
notre monde : une super puissance qui s’arroge tous les droits, son allié au Proche-Orient
qui fait de même dans sa région, une ancienne super puissance qui négocie avec la
susnommée pour rester dans le club des « super », la facture pour la santé de la planète
qui s’alourdit toujours plus pour nos enfants, la fracture sociale grandissante dans la classe
dite « moyenne », la progression inquiétante du pouvoir manipulateur de l’IA pour les
systèmes de gouvernance. Les peurs que cela génère profitent aux partis et particuliers qui
ont le moins à perdre dans tout cela…

Ces souffrances et les violences sociales qui les accompagnent, les Églises partenaires
avec qui la FAP travaille les vivent frontalement. J’ai pu aussi les percevoir très sensiblement
cette année au travers de voyages que j’ai eu la chance de faire à titre privé « en Orient »,
au Liban, en Arménie, à Singapour, au Japon.

 

À Nagasaki, huitante ans après l’explosion, la destruction continue de hanter les artistes descendants des colons portugais chrétiens.

Toutes ces images s’ajoutent aux autres scandales d’inhumanité, d’impunité et de délires de rétribution en millier de milliards…
Pourtant, c’est aussi en Orient et parmi les partenaires de la FAP, que j’ai rencontré la résistance et la révolte de ceux et celles qui incarnent le refus de se résigner, le réflexe d’une (sur)vie en dignité et d’une persévérance même sans perspective de changement rapide :
– Un pasteur syrien qui décrit sa situation et celle de son pays par ces mots : « Il ne s’agit pas de voir la lumière au bout du tunnel, il s’agit de devenir la lumière à l’intérieur du tunnel. Cela signifie garder la lumière — non pas jusqu’à l’apparition de l’aube, mais comme la lumière elle-même lorsque l’horizon a disparu. Et c’est peut-être ce dont le monde a le plus besoin aujourd’hui de la part de l’Église.
– Un professeur srilankais qui interprète la résurrection comme une divine rébellion contre les puissances de la mort.
– Une institutrice du Haut Karabakh, réfugiée et traumatisée, qui se reconstruit en vendant des herbes aromatiques et recettes traditionnelles à des restaurants locaux à Erevan.

En écho et en parallèle à ces expériences, j’ai eu la chance de pouvoir admirer des oeuvres de nombreux artistes de toutes les époques et cultures. Là, j’ai pu lire que « l’art est la plus haute forme de l’espoir » (G. Richter). L’art un langage universel, compréhensible et appréciable par tous, y compris de ses opposants ou adversaires. Ainsi des empereurs musulmans en Inde ont promu et conservé de nombreux témoignages de l’art chrétien local au XVIe-XVIIe siècle qu’ils admiraient, comme cette représentation de Noël.

Ex oriente lux : la foi chrétienne, tout comme le soleil, arrive en Europe depuis l’Orient. Nous oublions trop souvent que la chrétienté se compose de multiples contextualités. La FAP par sa modeste action veut aider les Églises et paroisses à recevoir chaque année l’incarnation de la promesse de Dieu dans ces contextes si différents et à y enraciner la vision d’une humanité et d’une création réconciliées.

Serge Fornerod, pasteur
Président de la Fondation pour l’Aide au Protestantisme réformé FAP