D’un regard par-dessus l’épaule aux espoirs pour l’avenir
En laissant l’œil et l’esprit vagabonder parmi les procès-verbaux de séances, les titres des projets soutenus au cours de ces années, le lecteur d’aujourd’hui perçoit des mouvements, des lignes qui bougent, une organisation qui se structure pour mieux s’ouvrir.
Fondation assez jeune pour que nous la voyions passer de trois à neuf membres au fil des ans, accueillir des femmes en son sein dès 1994, et décider de se faire accompagner par une secrétaire exécutive qui va assurer et professionnaliser le suivi des dossiers, mais aussi jouer le rôle de « basse continue », de lien entre les membres sortants et ceux qui entrent au Conseil. Fondation assez installée pour que nous puissions apprécier dans quelle mesure ses activités sont liées à l’actualité des années qu’elle traverse.
A ses débuts, la FAP, peu connue, cherche des projets à soutenir. Puis, avec leur arrivée spontanée, grâce au bouche-à-oreille, se pose la question du choix : lesquels retenir et pour quelles raisons ? De la lecture des procès-verbaux, percent des hésitations, des discussions sur le principe du recours à des « critères ». Le trio initial (théologien, juriste et haut fonctionnaire) met en balance l’aide mais aussi la limitation de liberté que peut représenter le respect de « critères », même si leur liste va naître d’une réflexion et de décisions internes : c’est en 1993 qu’apparaissent les premières références à des « critères généraux ». Au fil des ans, cette liste s’affine, se précise, pour en comporter sept aujourd’hui, outil de travail apprécié des membres du Conseil et de l’actuelle et deuxième secrétaire exécutive, Agnès Krüzsely.
La consultation des titres des quelque mille projets reçus, permet plusieurs types de « promenades », l’une parmi les demandes matérielles, projets relativement constants à travers les décennies (infrastructure, construction, réfections d’immeubles, etc.). Par contre, d’autres titres entraînent le lecteur sur un chemin proche de l’actualité internationale annoncée à certains, vécue et subie par d’autres, sur une sorte de chemin de halage qui longe des temps de crises, des épidémies, l’évocation de traditions dont chacun souhaiterait qu’elles se modifient. Notre attention s’accroche à quelques thèmes clefs récurrents : SIDA, situation des femmes, transmission de connaissances…
En 2000, arrive un premier projet lié au SIDA, suivi de nombreux autres, essentiellement de formation de pasteurs et de diacres, de campagnes de prévention des populations à risque. Parmi d’autres dossiers qui ressortent de la diaconie, nous en accueillons une quarantaine dont la mise en œuvre a pour but de défendre la place des femmes : les aider à se faire respecter, leur donner la force de faire accepter leurs capacités à réfléchir, à penser leur vie, à enseigner leurs enfants, à mobiliser leur entourage, à être prises en compte ; mais aussi la force de faire respecter leur corps. De nombreux projets concernent les enfants : action de réparation (à la suite de la perte des parents, de violences subies), mais aussi de prévention (de leur santé physique et psychique), de préparation et d’accompagnement d’une vie scolaire plus efficace. Et, depuis peu, quelques projets destinés aux aînés.
Demandes de bourses : pour une formation de premier cycle, une bourse va d’abord marquer, changer la vie du candidat — jusqu’au jour où il, où elle, exercera une activité professionnelle. Lorsqu’une bourse finance une formation de deuxième cycle, tout ou partie d’une recherche, elle met en mouvement une transmission de connaissances « en cascade » dont le nombre de bénéficiaires s’élargit à partir de la demande initiale.
Ces années sont aussi éclairées par des projets ponctuels liés de près à l’actualité d’une (seule) période : la FAP joue ainsi un rôle important dans la résolution de conflits et la réconciliation, au Rwanda par exemple, comme nous le rappelle Silvia Adoue Renfer, première secrétaire exécutive de la FAP, de 1991 à 2012.
L’entrée dans le XXIe siècle est l’occasion d’un concours de projets destinés à la formation des jeunes générations ; 2007 propose une rencontre pour célébrer les 200 ans de l’abolition du commerce transatlantique d’esclaves ; l’année Calvin 2009 permet de répondre à un projet – achevé dix ans plus tard – de traduction de « L’Institution de la religion chrétienne », de Calvin, en langue arabe.
Une majorité de ces projets, qu’ils soient liés à des formations diplômantes, qu’ils ressortent de la diaconie, du dialogue interreligieux, sont parcourus par la préoccupation de la formation, par une projection vers l’avenir. Souhaitons que la FAP, avec les membres de son Conseil de fondation, grâce au réseau de personnes relais construit au fil des années, puisse poursuivre son activité et, grâce à celles et ceux qui s’adressent à elle, rester sur le qui-vive, prompte à chercher comment aller plus loin, comment compenser, prévenir, accueillir ce que l’actualité lui impose.
Raymonde Wagner, ancienn membre du conseil